“Si on donne quelque chose à quelqu’un lorsqu’il est malade et qu’il guérit, c’est que ca marche”
Voici le roi des biais cognitifs, celui qui a peut-être impacté et modelé le plus nos sociétés et nos croyances.
Voici l’illusion de corrélation ou la Corrélation illusoire.
“Si le feu rouge passe au vert dans moins de 10 secondes, alors je vais passer une bonne journée”
Ne vous êtes-vous jamais posé des ultimatums sur des événements quotidiens ou en faisant des rapports entre des événements qui ne sont pourtant pas lié?
Le biais de corrélation illusoire est un biais à l’origine de nombreuses croyances et de fausses interprétations de ce qui nous entoure. C’est un biais qui nous amène à confondre l’effet et la cause, voir à imaginer une relation de cause à effet.
Notre cerveau nous amène très souvent à combler notre ignorance ou garder un control sur ce que nous ne maîtrisons ou ne comprenons pas en faisant des rapports entre différents événements afin de donner un sens à notre compréhension, de donner l’illusion d’un control ou simplement pour nous rassurer.
En prenant conscience de la puissance de ce biais, nous pouvons réaliser la manière dont ce biais est à l’origine de nombreuses interprétations erronées qui ont fait certains fondements de toutes les civilisations et sociétés et qui encore aujourd’hui nous influence énormément.
Du porte bonheur au grigri, en passant par la religion, les rituels, les superstitions, la voyance, l’homéopathie, l’astrologie… Que cela soit le sport, la politique ou la santé, ce biais n’épargne personne et aucun domaine.
Par exemple pour ce qui le sport
N’avez vous jamais vu les rituels ou les superstitions de certains sportifs lorsqu’ils sont en compétition?
Les jours de match, certains mettent des chaussettes de couleur spécifiques, porte le caleçon, un bracelet qu’ils portaient lorsqu’ils ont gagné une coupe, une course ou une autre compétition?
Ceci dans le but de faire une corrélation entre une cause et un effet.
On peut se poser la question suivante:
Si deux joueurs de tennis ont le même rituel (par exemple de mettre les chaussettes qu’ils portaient lorsqu’il ont gagné un championnat) et que le match nul n’existant pas, il n’y aura qu’un seul vainqueur. Cela voudrait-il dire que ce rituel fonctionne mieux chez l’un que l’autre? Que l’un ne l’a pas mis en pratique de manière correct?
Avec des rituels et superstitions différents, prenons exemple entre Roger Federer et Rafael.
Roger Federer pour qui le nombre 8 est un porte bonheur, lors des matches ils semblerait qu’il apporte 8 raquettes dans son sac, 8 bouteilles d’eau,etc… (source: Une aventure nommée Federer: Thomas Sotto raconte “Rodgeur”)
Nadal lui, ajuste ses chaussettes à la même hauteur avec le logo de son sponsor parallèle au terrain jusqu’à ses bouteilles d’eau alignées devant sa chaise à chaque changement de côté avec les étiquettes perpendiculaires à la ligne du fond du court (source: Vendredi 13 : ces sportifs si superstitieux).
Sur leurs 40 face-à-face en simple (hors matchs amicaux), Nadal mène 24-16. Sur terre battue, la surface de prédilection de Rafael Nadal, ce dernier mène 14-2 face au Suisse, alors que le score est de 14-10 pour Roger Federer sur les autres surfaces (11-9 sur surfaces dures, 3-1 sur gazon) (source: Rivalité Federer-Nadal: Wikipedia).
(Source image: wikipedia)
Est-ce que les rituels de Nadal fonctionne mieux uniquement sur Terre battue mais que le chiffre 8 fonctionnent mieux sur les autres surface ? Au vu des chiffres en face à face, le porte bonheur de Roger Federer ne fait pas le poids face aux rituels de Nadal… Pourquoi un rituel parfois fonctionne, parfois ne fonctionne pas?
Ou se rendre simplement à l’évidence que ce n’est pas cela qui influence le résultat et que la cause est simplement ailleurs…
Même si leurs rituels contribuent certainement à concentrer leur motivation et se donner confiance, au vu de la réalité des faits cela ne fait que donner une illusion d’un quelquonc effet au niveau personnel mais lorsqu’on le met en relation avec le rituel ou la superstition des autres, ils perdent tous leurs sens.
En médecine et santé
J’ai souvent entendu cet argument et encore plus lors de la pandémie du COVID-19 et le chloroquine.
“ Si lorsque quelqu’un est malade et qu’on lui donne un médicament et qu’il guéris, c’est que ca marche, il faut donc aller de l’avant”
En fait, pas du tout…
En science, c’est exactement à quoi il faut faire attention et que l’on met en place des méthodologies et des protocoles pour éviter cette erreur. Par exemple, avec les études randomisées en double aveugle (parmis d’autres critères à prendre en considération) permettent d’évaluer l’efficacité d’un médicament.
Sans cela, il n’est absolument pas possible de clairement identifier les résultats d’un médicament. Cela peut-être un effet contextuel, effet placebo ou simplement la capacité d’auto-guérison du corp de tel ou tels individus, on n’en sait rien…
Le seul moyen de le savoir (ou du moins d’avoir une certitude la plus grande possible), est de faire une comparaison le plus objectivement possible entre un groupe qui prend le médicament et un groupe qui ne prend pas ce médicament. Et ceci, tout en faisant attention, dans la mesure du possible, d’avoir la plus grande variété d’individus dans chaque groupe (effectivement prendre que des hommes dans un groupe et que des femmes dans l’autres ou selon l’âge, etc… compromettrait l’objectivité de l’étude).
C’est peut-être ce qui est déroutant pour nombreux qui croient en l’homéopathie et qui ne comprennent pas pourquoi la science s’obstine tellement à combattre celle-ci.
Mais les milliers d’études en double aveugle faites sur le sujet, ne démontrent aucune différence “significative” (“significative” dans le sens scientifique du terme) entre ceux qui prennent de l’homéopathie et ceux qui ne prennent rien. Pour une maladie spécifique les personnes qui prennent de l’homéopathie ne guérissent ni plus vite, ni mieux que ceux qui n’en prennent pas.
“tu devrais essayer et tu verras” est révélateur d’ailleurs de ce bias. Comment n’étant pas sois même en mesure d’évaluer correctement la corrélation entre le médicament et la guérison, peut-on être en mesure de clairement identifier la cause à effet parmis les centaines d’autres facteurs qui peuvent jouer un rôle, qui elles, ont été démontrée?
C’est pour cela aussi qu’en science, les expériences personnelless sont de loin les pires arguments. Comment objectivement être sûr de faire les bonnes corrélation entre les effets et les causalités lorsque l’on n’a pas dans toutes les cartes en main?
Dans la vie de tous les jours
Cet article étant passament déjà long, sachez que vous trouverez cette illusion de corrélation quasiment partout. Passer sous une échelle, voir un chat noir, briser un miroir, avoir un grigri, la voyance, les horoscopes, biais que les religions use ardemment en mettant en relation un événement avec un autre qui n’est pourtant pas lié (faire le lien entre des invasions des criquets et la fin du monde, ou encore la fin de la société avec l’homosexualité et tellement d’autres encore).
Personne n’est à l’abri d’être victime de ce biais, même le personnel médical qui fait souvent une association entre pleine lune et augmentation d’accidents, suicide, etc… alors que les études sur le sujets démontrent qu’en analysant les chiffres, il n’y a aucune corélation. A lire cette étude qui a pris aussi des chiffres de Lausanne. (Source image: https://www.revmed.ch/)
Maintenant que vous connaissez ce biais cognitif, la prochaine fois que vous liez deux événements entre eux, demandez vous si ce n’est pas une illusion de corrélation ou si vraiment cela est avéré.
Sources additionelles:
https://blogs.univ-poitiers.fr/n-yeganefar/2012/12/09/les-biais-a-eviter-pour-evaluer-lefficacite-dun-traitement/
https://www.revmed.ch/RMS/2017/RMS-N-570/Astres-desastres-et-superstitions
https://fr.wikipedia.org/wiki/Corr%C3%A9lation_illusoire
http://www.charlatans.info/correlations.shtml
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